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Régulation des pucerons par les auxiliaires des cultures

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Motivations

« Depuis mon entrée dans le réseau Dephy, j’ai priorisé les alternatives aux insecticides sur mon exploitation. Je trouvais difficile de déclencher une intervention efficace. Nous nous heurtons à différentes problématiques : les conditions d’application en période d’activité des ravageurs, en particulier le vent, l’impact des traitements sur les autres insectes (auxiliaires et autres) et la recrudescence de ravageurs après traitement quand les populations sont résistantes aux insecticides. J’ai souhaité comprendre les interactions qui pouvaient agir sur l’évolution des populations des ravageurs, en particulier le puceron que nous retrouvons sur l’ensemble des cultures.
Nous avons travaillé sur la reconnaissance des insectes présents dans les parcelles, en particulier les auxiliaires. Tout le monde pense aux coccinelles adultes qui sont faciles à identifier. Nous nous sommes concentrés sur les autres auxiliaires moins connus tels que les larves de coccinelles et de syrphes qui raffolent de pucerons. Au cours des différents suivis, nous avons observé la présence de momies de pucerons. Après recherche, il s’avère qu’elles sont dues à de microhyménoptères. Ce sont des guêpes microscopiques particulièrement efficaces qui parasitent les pucerons. »

Mise en pratique

Auxiliaires des cultures sur les pucerons : ma façon de faire

Étape 1 : Identification...

Pour comprendre ce qu’il se passe dans le champ, je dois surveiller les ravageurs mais aussi les auxiliaires. Mon but est d’identifier des seuils de nuisibilité à un stade phénologique donné pour le ravageur et que je sache reconnaître la présence des auxiliaires qui lui correspondent.

... des ravageurs

Les seuils de nuisibilité sont donc la première base de ma réflexion. Il est important de les avoir en tête pour certaines cultures :

Céréales :

  • Pucerons d'automne :
    Stade : fin de levée jusqu’à fin tallage
    + de 10% des plantes porteuses d’au moins un pucerons et/ou présence de pucerons aptères en limite de seuil de nuisibilité plus de 10 jours consécutifs.
  • Pucerons sur épis :
    Stade : épiaison à grain laiteux.
    + d’1 épi sur 2 colonisés.
 

Protéagineux :

  • Pucerons verts :
    Stade : 10 feuilles à fin floraison
    + de 10 pucerons / plante (secouer les tiges au dessus d’une feuille de papier, répétez 10 fois dans la parcelle).
  • Pucerons noirs :
    Stade : de début à fin floraison
    + 15 jours : 10% des tiges portent des « manchons » (colonies de pucerons d’au moins 1 cm).
 

Colza :

  • Pucerons cendrés :
    Stade : courant montaison jusqu’aux 10 premières siliques bosselées
    - De courant montaison à mi-floraison : quelques colonies en différents points de la parcelle.
    - A partir de mi-floraison : 2 colonies/m² sur les zones infestées.
 

... des auxiliaires

Après un travail bibliographique avec mon conseiller nous avons trouvé que :

  • Une coccinelle adulte peut consommer entre 50 et 70 pucerons /jour
  • Une larve en consomme entre 50 et 200 / jour
  • Une larve de syrphe mange en moyenne 60 pucerons / jour
  • Une femelle micro-hyménoptère peut parasiter entre 200 et 1000 pucerons par génération.
  • Etre en capacité de reconnaître les auxiliaires me permet de faciliter ma prise de décision.

Étape 2 : Suivi

Quand la population de pucerons s’approche du seuil, j’observe la présence d’auxiliaires, de préférence en plein après-midi. Si les populations d’auxiliaires sont présentes, je reporte mon traitement et continue les observations. Le plus souvent, les populations de pucerons stagnent puis diminuent dans les jours qui suivent.


Étape 3 : Décision

Lors du comptage des populations de ravageurs et d’auxiliaires sur le terrain, il a été constaté que les courbes de populations des deux types d’insectes étaient parallèles mais que celle des auxiliaires était légèrement en retard. Ce retard peut être accentué par les conditions climatiques. Nous avons observé que les printemps frais ou les périodes de forts vents pouvaient avoir un effet négatif sur l’activité des populations d’auxiliaires sur certaines parcelles. Il est important d’aller regarder dans le champ et de faire un suivi des populations à plusieurs jours d’intervalle. Dans ces cas, la réalisation d’un traitement efficace dépend de la pression des pucerons sur l’ensemble de la parcelle et du stade de la culture.

Mieux sensibilité sur ces auxiliaires, je ne pulvérise plus d’insecticide spécifique pour le puceron, en particulier sur blé, pois et colza. Occasionnellement, la population de puceron atteint le seuil de nuisibilité, ensuite elle rebaisse rapidement et durablement. La difficulté est de maintenir cet équilibre naturel ravageurs/ auxiliaires sur les parcelles. Nous avons constaté qu’une intervention avec un insecticide pouvait avoir une influence sur les populations d’auxiliaires l’année suivante. Ainsi, une culture de colza avec plusieurs applications d’insecticides pour les altises, charançons, méligèthes, a un impact sur la présence d’auxiliaires dans la céréale qui suit et donc sur la gestion des populations de pucerons l’année suivante.

Réseau & partenariat

  • Témoignage élaboré en partenariat avec la Chambre d'agriculture de l'Aude

L'exploitation

Le témoignage de Romain Planes en vidéo

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